La semaine en 4 jours, est-elle réellement un vrai plus pour les agents territoriaux ?

Nous avions déjà évoqué dans une précédente publication le désir du ministre de la Fonction publique d’expérimenter la semaine en 4 jours.

D’ores et déjà certaines collectivités locales ont mis en place ce mode de fonctionnement. Nous allons faire le point sur les avantages et les inconvénients de cette modalité d’organisation du temps de travail.

Exemples de modalité de semaines de 4 jours mises en place par certaines collectivités.

>>Voir>> La communauté de communes terroir de Caux :

Après une expérimentation pendant un an de la semaine de 4 jours, sans réduction du temps de travail, a pérennisé ce mode d’organisation du travail, en 2023. Aujourd’hui, 40 agents sur les 120 que compte l’intercommunalité travaillent à ce rythme.

• 35h par semaine, 8h45 par jour

>>Voir>> Lyon :

Depuis la rentrée de septembre 2023, la ville de Lyon propose 4 scénarios aux agents volontaires :

• 35 heures sur quatre jours, 8h45 par jour
• 36 heures sur quatre jours, 9h00 par jour
• 35 heures sur 4,5 jours : 4 x 7h45 + 4 heures
• 36 heures en alternance de semaines de quatre et de cinq jours.

>>Voir>> Neuilly-sur-Marne (Seine-Saint-Denis) :

Depuis janvier 2023, des agents volontaires peuvent expérimenter :

• 35 heures sur 4 jours
• 35 heures sur 4,5 jours
• 38 heures sur 5 jours
• 38 heures sur 4,5 jours

>>Voir>> Grande-Synthe :

• 37 heures sur 4 jours (pause méridienne réduite à 20mn)

1er Constat

Pour ces collectivités le coût est égal à zéro : il a juste s’agit de redéployer des effectifs alors que le temps de travail est toujours le même.

Les agents effectuant leurs heures hebdomadaires en quatre jours, ont une journée supplémentaire de repos par semaine, généralement le mercredi pour les agents ayant des enfants et le vendredi pour les autres (la commune de Grande-Synthe a fait le choix de week-end de 4 jours 1 semaine sur 2).

Cette expérimentation permet aux femmes qui étaient à 80 % de repasser à temps plein sur 4 jours et récupérer ainsi l’intégralité de leur salaire.

2éme Constat

Pour ces agents expérimentant la semaine de 4 jours :

• Travailler sur 4 jours réduit mécaniquement leur droit à congés annuels.
• Pour 35 heures semaines, aucun JRTT n’est généré.
• La pause méridienne doit être ramenée à 45mn (ou 20mn, comme pour la commune de Grande-Synthe qui considère cette pause de 20mn comme du temps de travail effectif, les agents restant à la disposition de l’administration et ne pouvant pas vaquer à leurs occupations personnelles,)

     (*)

– Le nombre de jours de congés annuels est fixé pour chaque agent à 5 fois ses obligations hebdomadaires de service pour une année de service accompli, soit 5 x 4 jours = 20 jours ;

– Aux jours de congés annuels s’ajoutent les jours de fractionnement assujettis à la prise de congés annuels dans la période 1 : du 1er janvier au 30 avril et/ou dans la période 2 : du 1er novembre au 31 décembre :

• Si prise de 5, 6 ou 7 jours de congés en période 1 et/ou 2 = + 1 jour de congé
• Si prise d’au moins 8 jours de congés en période 1 et/ou 2 = + 2 jours de congés

(**)

• Le calcul des ARTT générés est à titre indicatif (dans le cas de la commune de Grande-Synthe, les services de la préfecture ont effectué une correction : pour 37h sur 4 jours le nombre de RTT a été abaissé de 11 à 9 jours. Le calcul de cette correction n’a pas été communiqué).

En conclusion

De prime abord, l’idée de travailler 4 jours par semaine peut sembler séduisante, mais force est de constater que pour le bénéfice d’un jour par semaine non travaillé :

1. Les journées de travail seraient prolongées. Travailler quatre jours par semaine signifie inévitablement des journées de travail plus longues. Cela peut entraîner une fatigue accrue et une diminution de la concentration, ce qui pourrait finalement nuire à la qualité du travail.
2. Les temps de pause réduits. Les pauses sont essentielles pour maintenir un niveau de performance élevé tout au long de la journée. En les réduisant, on risque d’augmenter le stress et de diminuer le bien-être des agents.
3. Les périodes de vacances seraient réduites.  Avec seulement 20 jours de congés annuels et éventuellement quelques jours de RTT (selon les modalités : 36h, 37h, …) , les agents pourraient se sentir privés de repos suffisant. Cela pourrait avoir un impact négatif sur leur moral et leur motivation.
4. Des inégalités entre les agents apparaitraient. Bien que certaines personnes, comme les femmes travaillant à temps partiel, pourraient bénéficier d’un passage à un horaire de quatre jours, cette modalité ne serait pas applicable à tous les agents. Cela pourrait créer des inégalités et des tensions au sein des services dans les collectivités.
5. Le risque d’épuisement d’une part importante d’agents vieillissant serait accentué. En effet, un grand nombre d’agents ont 50 et plus. Des journées de travail plus longues et des temps de pause réduits pourraient être particulièrement difficiles pour ces personnels. De plus, le stress supplémentaire et la fatigue pourraient avoir des conséquences plus graves sur leur santé. Il est donc crucial de prendre en compte l’âge des agents lors de réflexions sur la mise en place de nouvelles modalités de temps de travail.
6. Le cumul avec le télétravail serait problématique. Le télétravail est devenu une pratique courante dans les collectivités. Cependant, si on combine le télétravail avec un cycle de quatre jours, cela pourrait entraîner une désertification des services. En effet, les bureaux pourraient se vider, ce qui pourrait nuire à la cohésion des équipes et rendre plus difficile la communication et la collaboration entre les agents.

Pour le SNT-Vosges, avant de recueillir un avis de la part des agents sur leur éventuel désir « d’un vrai 35 heures sur 4 jours », il est essentiel d’exposer soigneusement à l’ensemble de ceux-ci, les avantages et les inconvénients de la mise en place de tels horaires de travail. Une approche équilibrée et réfléchie, qui tient compte des besoins et des capacités de tous les agents, est cruciale pour maintenir un bon environnement de travail pour tous.

Pour finir, une telle expérimentation ne peut se faire que sur la base du volontariat comme l’ont fait les collectivités citées en exemple.